Tout savoir sur les relocalisations en France

Les relocalisations : de quoi parle-t’on ?

Cela fait des années que l’on en entend parler, l’heure de la relocalisation en hexagone a-t-elle sonné ? 

Abordé en 2012 par la mise en place d’un Ministère du Redressement productif, piloté par Arnaud Montebourg, le sujet de relocaliser semble plus que jamais d’actualité. En effet, la crise du Covid nous aura récemment prouvé qu’il peut être contre-productif. Cela peut être dangereux, de mettre tous ses œufs dans le même panier. Et ainsi d’être (trop) dépendant des mêmes pays, voire d’un seul : la Chine. De nombreux secteurs se sont ainsi retrouvés ralentis, pour des non livraisons de pièces ou de produits finis.  L’industrie pharmaceutique avec les masques par est un bon exemple. 

En septembre 2020, cette volonté revient sur le tapis avec le plan France Relance. Bruno Lemaire l’affirmait : “Relocaliser, c’est possible”. Ce plan de relance prévoit de consacrer d’ici 2022 des fonds d’aide conséquents pour soutenir des projets dans le territoire et les entreprises des cinq secteurs identifiés comme stratégiques (la santé, les intrants critiques pour l’industrie (matières premières, métaux et alliages, etc.), l’électronique, l’agroalimentaire et les applications industrielles de la 5G). 

Jusqu’au milieu des années 1980, le poids du secteur industriel représentait encore 20 % du PIB français, celui-ci ne représente désormais plus que 12 % aujourd’hui.

À partir des années 90, de nombreux secteurs et de nombreuses entreprises ont fait le choix de délocaliser leur production vers ce que l’on appelle des “pays-atelier” (Asie du Sud-Est, Maghreb, Europe de l’Est), où la main d’œuvre y est bien moins élevée. Cela n’est pas la seule raison, les crises pétrolières et économiques ont aussi pesé dans la balance. Mais l’intérêt de produire dans ces pays diminue désormais. Dans certains pays, comme la Chine ou la Thaïlande, l’augmentation de la classe moyenne fait augmenter les revenus moyens donc les coûts salariaux. Par ailleurs, les variations des prix du pétrole font augmenter les coûts de transport. Le bout du monde ça fait loin et cher la course.

la relocalisation des entreprises françaises
Crédit image : Officéo

Pourquoi relocaliser ? 

Les questions budgétaires ne sont pas les principales raisons d’une relocalisation. Produire en France ne coûte pas moins cher qu’ailleurs. Néanmoins la France attire par ses savoir-faire d’excellence, ce que l’on ne retrouve pas forcément à l’étranger. Certains chefs d’entreprises font d’ailleurs le choix de revenir dans l’hexagone après de mauvaises surprises à l’étranger (Défauts dans la fabrication, des délais non respectés…). 

Relocaliser tout ou partie de sa production permet de bénéficier d’une main d’œuvre qualifiée aux compétences précises et de permettre à nos artisans d’accéder à l’emploi. Mais également de répondre à une exigence du marché, des consommateurs et de bénéficier de l’image de marque et des avantages du made in France. 

En effet, produire localement permet entre autres de mieux gérer sa production quand les ateliers sont à proximité. Cela permet aussi de mieux gérer ses stocks (commandes, invendus…) et globalement de réduire par deux son empreinte carbone. 

L’importance également de relocaliser est de préserver nos savoir-faire. La France est dotée de savoir-faire d’excellence qui sont en péril suite aux délocalisations massives des dernières décennies. De nombreux ateliers ont dû fermer suite à cela, et certains ne tournent que grâce à un ou deux clients. 

savoir faire français
Artisanat Made in France - Couloir 3

Quels sont les freins aux relocalisations ? 

Cependant, relocaliser cela s’accompagne. Relocaliser massivement et demain dans l’hexagone ne serait pas réaliste.

Premièrement, l’état du parc industriel en France est vieillissant, notre pays a pris du retard. Il faudrait donc investir en amont. Ensuite, le nombre d’artisans sur notre territoire a nettement diminué depuis les années 70. Il est passé de 750 000 travailleurs à 60 000 actuellement. 

La formation et l’emploi sont, avec l’attractivité, des enjeux indéniables de la relocalisation. Pour que chaque entreprise souhaitant produire en France sereinement, il faudrait créer de l’emploi ou des solutions de fabrication. Relocaliser ne rime pas forcément avec création d’emploi massive.  Les processus sont de plus en plus robotisés (notamment par les imprimantes 3D). Cela permet aussi de réduire les coûts salariaux mais cela nécessite des investissements d’équipement. 

Autre enjeu : les étapes intermédiaires de fabrication. Il n’existe par exemple plus de filature de lin en France, alors que notre pays en est le premier producteur mondial. Exemple parmi d’autres, cela fait écho au fait que si certaines entreprises font fabriquer des pièces, des composants ou des principes actifs à l’étranger, c’est tous les maillons de la chaîne qu’il faudrait relocaliser. 

Dans tous les cas, toutes les entreprises du made in France seraient bénéficiaires d’une augmentation des acteurs de la production en hexagone, cela permettrait de réduire les coûts de production et donc le prix des produits à la vente. 

Actuellement, où en est-on ? 

Mais pour l’instant, il n’y a pas encore de bouchons aux frontières. Depuis 2008, un peu plus de quatre-vingt-dix entreprises ont relocalisé leur production en France. Parmi elles, Rossignol, Kusmi Tea, ou Le Coq Sportif (ayant relocalisé totalement ou partiellement). 

En 2016, on a créé plus d’emplois qu’on en a détruit dans le secteur textile. Et en 2020, pour la deuxième année consécutive, la France est restée le pays le plus attractif pour les investisseurs en Europe, selon un baromètre du cabinet EY.

Nous ne pouvons qu’espérer que tous ces chiffres favorisent une tendance à la relocalisation, quand on sait que plus de 95% des vêtements et linges de maison que nous achetons sont confectionnés à l’étranger (selon une étude du cabinet Cycleco, commandée par  l’Union des industries textiles).

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