Le béret français, une histoire qui décoiffe
La grande histoire du béret français ou petit chapeau
Le béret français tient tête aux époques en affichant un succès constant au fil du temps. Il est sans nul doute un indémodable de nos penderies. Cependant, pour remonter à ses origines, il faut revenir longtemps auparavant, jusqu’au Moyen Âge.
À l’époque, il sert de coiffe au berger béarnais. Fabriqué dans les Pyrénées à base de laine de mouton Mérinos, il est un marqueur fort de l’identité locale. En effet, c’est tout un savoir-faire qui se met en œuvre. Dans le Béarn, on transmet les techniques de tricotage, de foulonnage et de feutrage de générations en générations.
Petit à petit, il prend le statut d’emblème régional. L’origine du béret français est ainsi revendiquée comme art de vivre. En effet, à chaque béret correspond ses us et coutumes régionaux. Bien que l’image de ce couvre-chef soit intrinsèquement liée au patrimoine du Sud-Ouest de la France, ce dernier est en réalité pluriel. Alors, dans la communauté de la vallée d'Ossau, il est rouge par exemple. À Luchon on arbore un béret bleu.
Par la suite, il ne se limite plus aux paysans mais se diffuse dans les milieux de l’art. En effet, au cours du 18e siècle, il fait fureur dans le milieu des artistes des Lumières. Le béret français est alors l’accessoire du peintre par excellence. Avec la diversification de ses usages, le port du couvre-chef se modifie selon le corps de métier.
Il devient ainsi un véritable symbole identitaire. Ce n’est qu’au début du 19e siècle qu’il se nationalise. Sa capacité à lutter contre le froid et l’humidité séduit tout l’hexagone. Cette excellence artisanale lui vaut un succès tel qu’il devient un véritable accessoire du quotidien.
La création d'un symbole bleu blanc rouge
A partir des années 1920, l’histoire du béret français prend une tout autre tournure. En effet, il passe d’un objet pratique du quotidien à un véritable accessoire de mode. Cette métamorphose est en grande partie due aux couturiers parisiens de l’époque. Ces derniers “glamourisent” effectivement ce symbole populaire en l’ajustant au vestiaire féminin. Dorénavant, les créateurs n’en font qu’à leur tête. Ils coiffent les starlettes de cinéma avec des bérets estampillés Gucci ou YSL.
Edith Piaf en passant par Arletty ou Lauren Bacall, toutes ont porté cette coiffe aux allures bohème chic. Par la suite, l’invention du « béret-casquette » dans les années 1960 le hisse définitivement au sommet des tendances. Il devient le symbole du rayonnement culturel de la France à l’étranger. Il est dorénavant porté par des icônes internationales telles que Serge Gainsbourg ou Brigitte Bardot.
À côté des paillettes et des strass, ce symbole français porte également une forte connotation révolutionnaire. En effet, il conserve des origines paysannes et anticonformistes. Ce couvre-chef made in France a accompagné nombre de mouvements révolutionnaires. Il s’est même retrouvé sur la tête de Che Guevara.
À cette époque se crée tout un imaginaire révolutionnaire autour de ce couvre-chef bleu blanc rouge. Le béret est alors associé à la révolte parisienne et aux barricades. La réputation internationale de ce petit chapeau français se crée peu à peu. Il envahit l’imaginaire collectif et les défilés de mode. Finalement, voilà peut-être la recette du succès du béret français. Il est audacieux et glamour, anticonformiste et chic. C'est tout cela à la fois, et ce mélange fait tourner les têtes.
Serge Gainsbourg - Galerie Keza
Le béret français, un emblème qui rayonne à l'international
Présent dans chaque magasin de souvenirs parisiens ou bien star du petit écran dans la série “Emily in Paris”, le béret rayonne aux quatre coins du monde. Le béret français est aujourd’hui aussi célèbre que la tour Eiffel ou la baguette. Emblème national de l’Hexagone, il participe à donner une image glamour et élégante de la France.
Vu de l’étranger, les Français portent des marinières, une baguette sous le bras et arborent fièrement un béret. Point de départ de nombreux clichés, il fascine et amuse. La série controversée “Emily in Paris” souligne très justement le stéréotype entourant ce chapeau. Dans cette série Netflix, les Parisiens sont snobs et superficiels. Emily, quant à elle, porte des bérets et des sacs à main Chanel.
Aujourd’hui, le béret français est plus branché que jamais. Témoin d’une esthétique “granny chic”, le couvre-chef séduit les stars internationales. Fort de son succès, il est notamment arboré par Rihanna, Emily Ratajkowski ou encore le clan Kardashian. Reflet de la quintessence du cool, il est perçu à l’étranger comme un symbole d’élégance et de désinvolture.
Ce couvre-chef made in France est devenu la star des réseaux sociaux et des défilés. À cet égard, on pense évidemment au défilé Dior automne-hiver de 2017 durant lequel ont défilé 68 mannequins affublés de bérets. Emportant sur le podium ce petit bout de France, les maisons de luxe ont fait sensation. Incarnation de cet engouement autour de ce couvre-chef particulier, la Maison Michel Paris, est l’un des représentants de cet artisanat d’exception. Elle figure aujourd’hui parmi les grands noms de la haute couture qui font vivre cet emblème national.
Un couvre-chef à la conquête du marché mondial
L’explosion du marché du béret nous fait perdre la tête. Pourtant, il y a encore une dizaine d’années, nombre d’entreprises étaient au bord de la faillite. Mais l’engouement rencontré par le béret français ces dernières années a dépoussiéré ce chapeau millénaire.
Aujourd’hui, la demande est croissante et exponentielle. Malgré les nombreuses imitations venues notamment de Chine, l’authentique couvre-chef made in France a su conserver ses lettres de noblesse en s’adaptant à ce nouveau marché. Les entreprises du béret français ont compris qu’il fallait dépoussiérer cet indémodable relégué au placard. Désormais, le fameux chapeau se décline sous toutes les formes et couleurs.
Le développement sans précédent de Laulhère, le dernier fabricant français historique de bérets, est à ce titre éloquent. Ce dernier propose effectivement un artisanat d’exception depuis 1840. Malgré cela, il était sur le point de mettre la clef sous la porte au début des années 2000 face à une demande en baisse.
Néanmoins, l’engouement retrouvé pour ce couvre-chef singulier lui a fait remonter la pente. Dans sa nouvelle boutique rue Saint-Honoré, on peut ainsi retrouver des bérets en satin ornés de perles ou bien agrémentés de lanières de cuir.
La maison de chapellerie située à Oloron Sainte Marie, propose une offre de bérets allant de 80 à 1,000 euros. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son chiffre d'affaires est au beau fixe. À titre d’exemple, ce dernier représentait plus de 3,4 millions d’euros en 2018.
Les bérets Laulhère - Paris Tourist Office
Le béret français, un petit bijou d'artisanat Made in France
Les marques de luxe laissent dorénavant au béret français une place de choix dans leurs collections. Les maisons françaises ont senti tout le potentiel de ce couvre-chef particulier. L’authentique béret français est un petit bijou d’artisanat. Les grandes maisons gardent jalousement ses secrets de fabrication.
Au départ, rien de bien compliqué ; il s’agit d’un couvre-chef à plateau en laine feutrée. Le béret traditionnel est fait à base de laine Mérinos brute reconnue pour ses grandes qualités imperméables. Après le tricotage de la laine, le couvre-chef est feutré, lavé, gratté, rasé et mis en forme grâce à la chaleur.
Le béret français est reconnaissable par sa forme circulaire aplatie, souple sur le dessus. Originellement, il possède une couronne de cuir et une double couture à l’intérieur qui garantissent sa robustesse.
Pour parler de la qualité de manufacture des bérets Laulhère, qui de mieux que Marck Saunders, le directeur commercial de l’entreprise ? Il évoque, dans une interview pour Le Parisien, l'habileté nécessaire au processus de fabrication d’un béret. Il déclare ainsi : « Il faut deux jours pour faire un béret (…) c’est un processus très compliqué ». Effectivement, le béret traditionnel français nécessite un savoir-faire artisanal d’exception. Le chapeau est ainsi fait à 80% à la main. En guise d’exemple, le feutrage dure à lui seul entre 11 et 18 heures.
À tout prendre, le processus de fabrication du béret reste le produit d’un héritage français séculaire. Une fabrication singulière soucieuse de la qualité du produit et de sa durabilité. Finalement, ce couvre-chef d’origine béarnaise a fait tourner les têtes du monde entier. Alors, n’en faites qu'à votre tête et laissez-vous décoiffer par cet indémodable français.
Béret - Laulhère