Forte de son savoir-faire d’excellence, J.M.Weston impose son style. Histoire d’une maison française qui tient sous sa botte le monde de la chaussure.
23 janvier 2023
Un savoir faire français, Weston
L’histoire d'une Maison française de chausseurs qui a du savoir-faire
100% française malgré son nom à connotation anglaise, Maison Weston et son savoir-faire sont le fruit d’un héritage séculier. Pas à pas, elle a su faire ses preuves dans le monde de la chaussure. Implantée dans le Limousin depuis 1891, la réputation du savoir-faire de cette Maison française de chausseurs n’est plus à faire. L’histoire commence à la fin du XIXe siècle lorsqu’Edouard Blanchard ouvre sa manufacture de chaussures. Petite affaire implantée dans une région de cuir, l’atelier est un joli miroir du savoir-faire artisanal français. Le fils d’Edouard, Eugène, le rejoint dans l’affaire mais s’envole rapidement pour les Etats-Unis afin de se former au cousu de Goodyear. Il revient de son voyage à Weston avec une technique offrant une qualité et une durabilité sans pareille aux chaussures.
L’affaire est modeste mais heureuse lorsqu’en 1922, Eugène Blanchard croise le chemin de Monsieur Viard. Les deux hommes décident de s’associer et déposent le nom de J.M Weston. La machine est lancée : ils ouvrent leur première boutique boulevard de Courcelles. Les fondations de la maison sont posées : un savoir-faire artisanal et un esprit parisien affûté. Cette alliance est un succès tel qu’en 1932, les deux associés ouvrent une seconde boutique sur les Champs-Elysées.
D’abord affublés du qualificatif de « chaussures de papa », les produits Weston conquièrent rapidement le cœur des plus jeunes. Les mocassins se démocratisent dans les années 1960. Les années 1970 signent le transfert de la maison française de chausseurs aux mains de la famille Descours. Ces derniers entament son développement et ouvrent des boutiques dans tout l’Hexagone.
Le rêve américain made in France
Il faut attendre les années 1980 pour que J.M Weston ouvre sa première boutique à l’étranger. Le rêve américain débute à New-York ; ce sont les prémices du déploiement à l’international. Tout au long des années 1990, la société s’exporte aux quatre coins du monde. Elle s’appuie maintenant sur un réseau de 40 boutiques sur tous les continents. Le récit à succès de cette maison française de chausseurs ne s’arrête pas là. Avec l’arrivée de Michel Perry en tant que directeur artistique en 2001, la marque prend un autre tournant. Il impulse un renouveau dans l’univers du savoir-faire artisanal bottier en y incorporant des influences pop et géométriques. Les créations, collaborations et projets en tout genre s’enchaînent.
Aujourd’hui, J.M Weston est définitivement l’exemple d’une success story à la française.

Un savoir-faire français, Weston entre traditions et innovations
Pour parler de leur Maison, J.M Weston utilise la formule suivante : « se réinventer sans jamais faillir à sa quête d’intemporalité ». Voici sûrement ici le secret de leur réussite : allier un savoir-faire ancestral et une touche d’innovation.
Tout d’abord, il est de mise de souligner l’héritage d’exception de cette maison française tout droit tiré de son histoire. Le tour de main J.M Weston est séculaire. Il s’exprime dans des créations aussi rares qu’authentiques. À la vue de la fabrique de Limoges, on comprend bien qu’un atelier de chausseur est comparable à celui d’un couturier. La technicité des pièces nous laisse sans voix. Les mêmes gestes sont répétés, les mêmes matériaux sont sublimés. C’est une véritable poésie qui est mise en œuvre.
Maison Weston cultive un goût particulier pour un style très français. Les matériaux sont bruts, les lignes épurées, le design d’une fraîcheur sans pareille. L’emblématique Mocassin 180, créé en 1946, est un digne représentant de cette esthétique. Véritable signature de la Maison, il incarne l’excellence artisanale de l’atelier. Cousu Goodyear, brides en formes de mouettes et plateaux jointés bord à bord sont de mise. La maison française est fidèle à sa réputation d’excellence et d’intemporalité. Elle reste droite dans ses bottes.
Un savoir-faire qui sait se réinventer
Quant à l’innovation, J.M Weston excelle également dans l’art de réinventer les codes classiques avec audace. Les modèles iconiques évoluent avec le temps sous l’impulsion des nombreux directeurs artistiques de génie. Par exemple, la maison fait régulièrement appel à des artistes pour réinventer leurs produits. Ce fut notamment le cas en 1984 avec la bande J.M. Weston. Cette année-là, Jean-Charles de Castelbajac imprime sa couleur sur l’emblématique Mocassin 180. C’est un succès fou. La créativité du bottier Limousin s’exprime également dans ses projets. On garde ici à l’esprit le film « Le Beau Dormant ». Conte moderne sorti en 2017, il met en scène le savoir-faire de la Maison à travers les yeux d’Oxmo Puccino et d’Omar Sy.
Finalement, tout au long de son histoire, la maison française de chausseurs n’a eu de cesse de perpétuer une tradition ancestrale. Tradition rimant avec innovation, elle a également su se réinventer sous l’impulsion de regards inédits. Maîtresse dans l’art d’inviter des artistes pour leur permettre d’exprimer un point de vue nouveau, la Maison a ouvert le champ des possibles du monde de la chaussure. André Saraiva, Charlie Casely-Hayford ou bien Thomas Tyman ont notamment mis le pied à l’étrier pour repenser les lignes de la Maison. Pour parler de cette ébullition créative, Michel Perry affirme qu’il « faut s’inspirer du passé sans s’y enfermer »

Weston : l’exemple parfait d’une entreprise made in France
J.M Weston, c’est l’exemple même d’une entreprise made in France. Malgré son nom à l’accent british, la maison revendique fièrement ses origines 100% françaises. Créée à Limoges à la fin du XXe siècle, la maison française de chausseurs y est restée depuis. Sa résistance aux tendances à la délocalisation est remarquable. Pour reprendre ses mots, le chausseur prône “un savoir-faire artisanal d’exception tout en mesures”.
La mesure face à la vélocité de l’industrie de la mode. J.M Weston est ce qu’on appelle une entreprise engagée. Forte de sa production raisonnée et locale, elle ravit les adeptes du véritable logo bleu, blanc, rouge. À ce propos, les cuirs de tige sont sourcés à 95% dans des tanneries françaises. J.M. Weston est d’ailleurs l’unique chausseur à posséder sa propre tannerie végétale de cuir à semelle. La Tannerie Bastin perpétue un savoir-faire manuel bien éloigné des chaînes de production industrialisées. Tout est fait dans la lenteur du geste, dans la rareté inégalée des finitions.
Les étapes de fabrication
L’art de chausser demande du savoir-faire et de la patience. Le tour de main J.M.Weston se révèle au sein de leur historique manufacture de Limoges. Dans cette dernière, est notamment conçu un modèle qu’on ne présente plus ; la derby. Le cuir de la chaussure nécessite un tannage minutieux. Le croupon est d’abord lavé et dégraissé. La peau est ensuite passée deux fois au foulon pour la déchauler. Par la suite, elle est plongée dans des bains de tans constitués traditionnellement de farine de châtaigne d’Italie. On laisse ensuite les tannins agir en mettant en fosse la peau. Cette étape de “basserie” dure quarante jours durant lesquels les tannins vont se fixer sur la peau petit à petit. La peau devenue cuir est finalement traitée puis battue. Il en faut du travail pour que les derbys
marchent à nos côtés !
Une maison qui met le monde à ses pieds
J.M Weston a su se faire une place dans l’univers de la mode grâce à l’excellence de ses produits. Mais la réputation de la maison française de chausseurs ne s’arrête pas là. Elle va jusqu’à imprégner les sphères mondaines et politiques. L’entreprise française chausse aujourd’hui les plus grands de ce monde. Les aficionados de la marque sont nombreux. Ils sont même à compter parmi des célébrités. Des personnalités comme Didier van Cauwelaert, Mathieu Ganio ou bien James Bort lui font confiance. La mise en avant de ses produits par les grands noms de ce monde assure à l’entreprise une visibilité sans pareille. L’engouement populaire autour de la marque nourrit d’ailleurs sa croissance phénoménale.
Par ailleurs, la fidèle clientèle de la Maison se compose également de personnalités politiques de premier plan. François Mitterrand était ainsi un véritable adepte de cette maison française. « Westman » convaincu, il possédait à ce titre plus d’une douzaine de paires de chaussures de la marque. Les modèles J.M. Weston l’accompagnaient dans ses déplacements et ses représentations politiques. Bien plus que la consécration de son savoir-faire artisanal français, la marque s’assure ici une certaine force de frappe politico-médiatique. Mais la puissance stratégique de l’entreprise ne s’arrête pas là. En effet, J.M Weston chausse également la Garde Républicaine depuis 1975.
D’ailleurs, en 2018, la Garde Républicaine et la Maison signent une convention qui célèbre les valeurs d’exigence, d’excellence et d’intégrité de leur partenariat.

J.M Weston, une réussite à tous les niveaux
Entrée sur la pointe des pieds dans le marché de la chaussure, l’entreprise est aujourd’hui l’un des grands noms des chausseurs de luxe. Pionnière dans son domaine, elle a su conserver des standards de qualité notables. La mise sur le marché de produits ayant une durée de vie considérable est un succès monstre dans un monde où les chaussures ont une durée de vie moyenne d’un an. Finalement, J.M. Weston c’est la preuve que la qualité peut charmer. Maison Weston aujourd’hui c’est plus de 200 emplois créés en France, une production journalière de 400 pièces faites main et presque 33 millions d’euros de chiffres d’affaires. Somme toute, J.M ce sont de “Jolis Mocassins” qui bottent aujourd’hui les pieds du monde entier.